La rose de saphir by Eddings David

Auteur:Eddings, David [Eddings, David]
La langue: fra
Format: epub
Tags: fantasy
Éditeur: Pocket
Publié: 2011-03-30T22:00:00+00:00

17

Krager n’était pas en excellente forme quand Kalten et Tynian l’apportèrent dans le cabinet de sire Nashan en début de soirée. Les cheveux rares en broussaille, il n’était pas rasé et il avait ses yeux de myope injectés de sang. Ses mains tremblaient violemment et il affichait une expression pitoyable qui n’avait rien à voir avec sa capture. Les deux chevaliers traînèrent l’homme de main de Martel jusqu’à une petite chaise au centre de la pièce et le posèrent dessus. Krager s’enfouit le visage dans les mains.

— Je ne crois pas que nous puissions en tirer grand-chose, actuellement, grommela le roi Wargun. J’ai déjà souffert de cela. Il lui faut du vin. Il sera plus cohérent quand ses mains auront cessé de trembler.

Kalten jeta un coup d’œil à sire Nashan et le pandion grassouillet indiqua un coin de la pièce où trônait un buffet ornementé.

— À des fins médicales uniquement, seigneur Vanion, expliqua-t-il rapidement.

— Bien entendu.

Kalten ouvrit l’armoire et sortit une carafe en cristal de vin rouge arcien. Il remplit un grand verre qu’il tendit à Krager. Le malade en gaspilla la moitié, mais il parvint à boire le reste. Kalten lui versa un autre verre. Puis un autre encore. Les mains de Krager commencèrent à se calmer. Il regarda autour de lui en clignant les yeux.

— Je vois que suis tombé entre les mains de mes ennemis, dit-il d’une voix rendue rugueuse par des années de boisson. Enfin… (Il haussa les épaules.) Ce sont les aléas de la guerre, sans doute.

— Ta situation n’a rien d’enviable, lui précisa le seigneur Abriel sur un ton de mauvais augure.

Ulath sortit son affiloir et se mit à affûter sa hache. Le bruit était très désagréable.

— Je vous en prie, dit Krager d’un air las. Je ne me sens pas bien. Épargnez-moi les menaces théâtrales. Je suis du genre qui survit, messieurs. Je comprends parfaitement la situation. Je coopérerai avec vous en échange de ma vie.

— Est-ce que ce n’est pas un peu méprisable ? railla Bévier.

— Bien entendu, seigneur chevalier, répondit Krager d’une voix traînante. Mais je suis une personne méprisable… à moins que vous ne l’ayez pas remarqué ? En fait, je me suis délibérément placé en position de capture. Le plan de Martel était excellent, jusqu’à un certain point… mais quand il a commencé à s’écrouler, je n’ai plus eu envie de partager sa fortune. Ne perdons plus de temps, messieurs. Nous savons tous que je suis trop précieux pour être tué. Je sais trop de choses. Je vous dirai tout ce que je sais en échange de ma vie, ma liberté et dix mille couronnes d’or.

— Et ta loyauté ? lui demanda sévèrement Ortzel.

— La loyauté, Votre Grâce ? (Krager éclata de rire.) Envers Martel ? Ne dites pas d’absurdités. Je travaillais pour Martel parce qu’il me payait bien. Nous le savions tous les deux. Mais à présent vous êtes en mesure de m’offrir bien davantage. Marché conclu ?

— Un petit moment passé sur la roue pourrait faire un peu baisser ton prix, lui dit Wargun.

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